L’initiation au jeu de go

A l’occasion de mon intervention sur la chaîne Domus Caesaris pour présenter le jeu de go, je prends le temps de faire un billet sur les différentes manières que j’ai de présenter ce jeu, en fonction des contextes.

En effet, à l’occasion des diverses animations que j’ai pu réaliser cette année (notamment à la Japan Expo), je me suis rendu compte que l’on pouvait adapter le discours en fonction du public.

Et d’ailleurs, le 18e salon culture et jeux mathématiques, qui vient de prendre fin, se prête bien à l’exercice …

Cas n°1 : Juste parler du go

Lors des formations à l’animation, on enseigne qu’il faut en dire le moins possible pour faire jouer rapidement. Les subtilités du jeu s’acquérant avec la pratique. Et bien là c’est exactement le contraire 🙂

En effet, on doit expliquer de quoi il s’agit à des personnes qui ne joueront pas. J’ai personnellement rencontré cette situation :

Parfois cela demande de rentrer dans des détails assez fin, comme ce fut le cas avec certaines règles du match AlphaGo – Lee Sedol (voir mon making of de la vidéo du Monde dans la RFG 140).

Mais le plus souvent ce qui intéresse est soit l’histoire du jeu, la culture ou la situation actuelle du jeu. La vidéo de Domus Caesaris montre le niveau de détail que je donne sur l’histoire et pour la situation du jeu et il y a de très bons exemples dans les autres vidéos des conférences sur AlphaGo.

Et, surtout ces derniers temps, on a pas mal de questions sur le jeu de go et l’intelligence artificielle (IA). De ce point de vue là les différentes interventions des chercheurs en IA. Cela méritera d’ailleurs un billet de synthèse.

Concernant la mienne, je vous renvois à la petite histoire de l’informagologie (RFG138), ainsi qu’à mes billets sur le go, un jeu complexe ? et AlphaGo et le computer-go.

Cas n°2 : Les adultes en petit groupes

Je fais débuter les « adultes » dès que l’on peut avoir plus de 10 secondes d’attention pour des explications. Dans le cas du salon de ce week-end, il s’agit souvent de familles ou de groupes d’amis : peu nombreux, donc on peut réorienter le discours si l’on perçoit des incompréhensions et surtout on a un public intéressé.

Là, le script que je déroule est celui qui est présent dans la vidéo de Domus Caesaris. Le « truc » qui diffère par rapport à la plupart des méthodes pédagogiques est :

  1. Que le but du jeu est de faire des points
  2. Qu’il y a deux (et seulement deux) manière de faire des points
  3. … avant de faire débuter la pratique par le jeu de la capture d’une pierre.

Nuance subtile, certes, mais je trouve que formuler cet objectif ne complexifie pas le discours et permettent de satisfaire les personnes qui, comme moi, souhaitent connaître le but avant de regarder la mécanique de jeu.

Mais il s’agit là d’une vision personnelle des choses, sur laquelle il n’y a pas consensus. Par contre, ça ne fonctionne que si l’on a le temps de dérouler le discours. Bref, c’est discutable et je ne demande pas mieux que d’en discuter 🙂

Cas n°3 : les enfants en groupe

Tout d’abord, mettons nous dans l’ambiance :

Maintenant imaginez un groupe de 20 élèves accompagné de leur enseignant … qui commencent à manipuler les pierres et démarrer une partie de Dames ou d’Othello : c’est typiquement ce que j’ai rencontré ces deux derniers jours de 10h à 12h et de 14h à 16h, car ces créneaux étaient consacrés aux visites des groupes scolaires.  C’est ce dont je parlais dans mon billet de l’an dernier, à propos d’animations en byo-yomi (« 100 questions en 20 minutes »).

Et bien là je l’affirme haut et fort : VIVE LA REGLES SIMPLIFIÉE !!
Sans ce document, diffusé en janvier, j’aurais probablement eu du mal à tenir seul le stand le dernier jour.

Plutôt que de simplement dire « là c’est capturé », on demande schéma à la main « et là, qu’est-ce qui se passe ?« . Fonctionne aussi bien en primaire qu’en lycée ! De plus, c’est un document auquel on peut se référer pour répondre aux question (comme tu peux le voir sur ce schéma).

Après, je pense qu’il est intéressant, sauf avec les plus jeunes, d’expliquer le principe du territoire. Jusqu’à présent j’expliquais le principe d’encerclement, mais j’ai bien envie d’essayer l’explication : le but est d’avoir le plus de pierres de sa couleur à la fin. A tester.

Cas n°4 : les enfants … en club maths

Ce dernier point fait référence à une intervention que j’ai eu l’opportunité de réaliser récemment dans un club mathématiques.

L’idée derrière ce que j’ai nomme la « méthode axiomatique » sur cette page est de rapprocher le plus possible la découverte du jeu avec la découverte d’un nouveau domaine des mathématiques : définitions, puis découverte des propriétés, voire démonstrations.

Les fiches distribuées aux élèves : 20170513_Atelier_Maths_Go.pdf

Il est clair que cela ne convient pas à tous les publics (encore que), mais l’idée générale que je retiens est de joueur contre le jeu et non les autres joueurs ; ce qui d’ailleurs n’en reste pas moins amusant.

C’est d’ailleurs comme ça que j’ai découvert le go : http://jeudego.org/_php/_mori/mori.php

Cas n°5 : les enfants très jeunes

Quand je dis jeune, c’est jeune : (petite ou moyenne section) ou (plus jeune).

Là, le point clé est de se fixer des objectifs différents : si le matériel est correctement manipulé, on peut déjà s’estimer satisfait. Et là c’est mieux si on peut avoir des pierres en verre.

Mais ne les sous-estimons pas : certains comprennent très vite le principe de la capture 😉